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Avec l'aimable autorisation du Journal  Le Temps

Le pianiste et chef d'orchestre est l'invité d'honneur du Festival Tibor Varga, qui commence demain à Sion. Il a imaginé une exposition d'art contemporain qui montre «la force de la répétition».
 

Christian Zacharias ou l'obsession de la répétition
Julian Sykes
Lundi 2 juillet 2001
Rubrique:  culture


C'est Christian Zacharias qui l'a voulue, cette exposition. Il la parcourt d'un pas rythmé, et les paroles se précipitent. Le voici qui se recroqueville sur lui-même: il fait mine d'être oppressé. Puis, il se prosterne devant une œuvre d'art. Pourtant, il n'est pas dans une église: il se trouve en prison. C'est en effet dans l'Ancien Pénitencier de Sion que se tient, répartie en 23 cellules, l'exposition «Encore, la force de la répétition».
Ironie du sort, cette vieille prison, aujourd'hui désaffectée, était l'endroit rêvé pour abriter une exposition dont le thème touche – de près ou de loin – chacun de nous. Car les gestes d'un artiste sont aussi celui du boulanger qui, chaque jour, pétrit sa pâte, du fonctionnaire qui, chaque jour, remet sur son bureau les mêmes dossiers de travail. Avec le temps, ces gestes acquièrent une densité renouvelée. Ils nous accompagnent, on n'y échappe guère. La répétition nous sécurise, nous guette, nous enferme.
Mais elle débouche aussi sur des éclairs de génie. C'est dans cet esprit que Christian Zacharias a approché Marie Claude Morand et Nicolas Raboud, commissaire de l'exposition. Sur une terrasse, il leur a fait part de son projet: montrer la force de la répétition en l'invoquant dans l'art. Car, plutôt qu'une force d'inertie, elle peut être un formidable moteur, qui libère le geste créateur et canalise l'inspiration de l'artiste.
Roman Opalka, On Kawara, Andy Warhol, Piranesi, Anne Blanchet, Olivier Estoppey... Chaque artiste a sa cellule. Un parcours où chacun se reconnaîtra, hanté par l'inertie de la répétition, qu'il vivra désormais comme un appel à se ressourcer.

«Encore, la force de la répétition». Tous les jours, de 11 h à 18 h, à l'Ancien Pénitencier de Sion. Jusqu'au 17 sept.
christian Zacharias donnera une conférence sur Schubert, intitulée «un fragment d'éternité», le 16 juillet à 20 h 30. Rens. 027/606 46 70.
 
La répétition, une ouverture sur la liberté



«Dans cette salle, il y a vingt portraits de Scarlatti. J'ai demandé à l'artiste allemand Peter Dreher de les peindre pour illustrer mon disque où j'ai gravé vingt fois la même sonate de Scarlatti. J'ai souvent joué cette sonate en bis. Les enregistrements retracent ma carrière entre 1973 et 1994. La sonate ne change pas, mais les paramètres, eux, varient: chaque prise a été faite sur un piano différent, dans une salle différente, avec un public différent. En tant que pianiste, je répète souvent les mêmes œuvres. Mais si je me dis:
«Je vais inventer quelque chose...», c'est raté! Les changements doivent venir d'eux-mêmes. De même, Peter Dreher ne s'est pas dit: «Je vais faire vingt portraits de Scarlatti. Je vais rajouter ceci, je dois changer l'expression du visage pour éviter d'être ennuyeux.» Non, la démarche est tout autre. Il suffit de voir la richesse et la vie dans ces tableaux! Si l'on prenait un microscope, on verrait les nuances, les dégradés d'une manière encore plus spectaculaire. En allemand, nous avons un vieux proverbe: «La contrainte révèle le maître.» Le plus grand secret, pour l'artiste, c'est de faire la même chose, mais de la VIVRE, intensément!» n
 
La répétition, sans manivelle



«L'alignement des portes de chaque cellule forme une œuvre d'art conceptuelle. Elles impriment un sens, un rythme. Elles dégagent une force immense et, en même temps, il y a cette discrétion: chaque cellule est un cabinet privé. On est face
à l'œuvre d'art, on ne peut pas y échapper.
Si on prend le temps de vivre les différences, alors la durée devient palpable. Car
les artistes n'investissent pas seulement du génie, de l'inspiration, mais aussi du TEMPS! Quatre heures. Des jours. Une vie... Ainsi, la répétition n'est plus une routine. L'art redevient ce qu'il a toujours été: une maîtrise quotidienne, qui débouche sur l'acte créateur, au lieu d'être un obstacle qui empêche d'accéder à l'inspiration. D'un côté, il y a les pianistes qui jouent cent fois le Concerto L'Empereur de Beethoven. Ils le font en tournant une manivelle.
De l'autre, il y a ceux qui se font remarquer par une recette, un «truc»: ils sont maniérés, affectés. Au milieu, se dresse un autre chemin: vivre la répétition avec les yeux ouverts. Vivre notre condition humaine en savourant la richesse du moment présent, comme le paysan qui laboure son champ. Cette exposition est une invitation à vivre ainsi.» n
 
La répétition, point de repère



«Dans l'art brut, la répétition devient obsession. Elle se manifeste comme l'obligation, dans la tête de l'artiste, de reproduire la même chose. Mais, comme l'écrit Michel Thévoz, c'est aussi une obsession qui révèle une attitude d'enfant. Il y a toujours une forme de retardement. Mais la répétition n'est pas celle de l'école «pop art» – à l'échelle industrielle – ni celle d'un Opalka – qui est d'ordre conceptuel. Ainsi, au lieu d'interpréter la répétition comme un symptôme de maladie, on pourrait la comprendre comme une manière de dresser un cadre. D'ailleurs nous avons tous besoin de points de repère pour vivre.»
 
Christian Zacharias, l'ami de Mozart



«Mozart 1784»?
C'est une série de concerts que Christian Zacharias présentera dès jeudi, au 38e Festival Tibor Varga. Il est l'invité d'honneur de la manifestation. Zacharias a bâti un projet musical autour des œuvres avec piano que Mozart a écrites en 1784. Année faste, puisque le divin Wolfgang était alors la coqueluche des Viennois. Il fréquentait du beau monde, donnait des concerts par souscription dans des salons privés où il tenait la partie de piano. En un an, il a écrit six concertos – Nos 14 à 19 – d'une beauté fulgurante. Mais aussi des œuvres de musique de chambre à la fois élégantes et mystérieuses, comme le Quintette avec vents K452. C'est aussi l'année où il a commencé à répertorier ses œuvres. Pianiste et chef, Christian Zacharias donnera trois concerts avec l'Orchestre de chambre de Lausanne: les 5 et 6 juillet à l'Eglise des Jésuites de Sion, le 7 à la Fondation Pierre Gianadda de Martigny. Rens. 027/323 43 17. Loc. TicketCorner 0848 800 800.